Propos receuillis dans Corse Matin
A ceux qui s'attendaient à des ronchonnements, des récriminations, voire des disputes, ou encore une désaffection des bars, cafés, restaurants et autres brasseries, la journée d'hier a opposé une belle sérénité à peine surprenante finalement. Car depuis un an, tout le monde se prépare à cette interdiction de fumer, acceptée comme une réalité davantage qu'une contrainte. « Nos clients le prennent presque à la rigolade, explique Cyril Salini, au restaurant la Calata. Ce qui ne veut pas dire qu'ils ne respectent pas l'interdiction, bien au contraire. Ils sortent simplement après avoir bu leur café pour fumer leur cigarette tranquillement en terrasse et reviennent payer leur addition. Nous aurions pu dresser quelques tables à l'extérieur, mais nous ne l'avons pas fait, car il n'y a pas eu de demandes ! C'est dire si les consommateurs ont accepté l'idée de déjeuner sans tabac et surtout pour beaucoup, notamment les non-fumeurs, sans nuisances ! Nous n'en sommes qu'aux premiers jours de l'interdiction, mais je pense que cela devrait se passer sans problème. Je vais souvent, pour ma part, en Italie, où une telle réglementation est rentrée en vigueur depuis plus d'un an et la population n'y prête même plus attention. Peut-être y aura-t-il quelques irréductibles à Ajaccio, mais dans l'ensemble les fumeurs sont très disciplinés. Tant mieux ! ». D'un côté des restaurateurs qui ne veulent pas jouer les gendarmes et dont ce n'est pas le rôle, de l'autre un décret qui s'accompagne d'un guide à l'attention des chefs d'entreprise et des salariés, au centre, un battage médiatique qui n'a pu passer inaperçu. Au final, des professionnels, cafetiers, restaurateurs ou autres responsables d'établissements dits de convivialité très motivés, et des usagers qui ont pris l'option — mais y en avait-il une autre ? — de rentrer dans le rang.
Les clients ont eu le temps de digérer l'information
« J'ai affiché dès réception du kit qui nous a été envoyé, les autocollants portant l'unique type de signalisation réglementaire, explique Antoine Tomasi au café-restaurant Le Déli. Nos clients avaient déjà eu le temps de digérer l'information. J'ai eu du monde en terrasse comme d'habitude et également des fumeurs en salle qui ont préféré manger au chaud sans leur cigarette de début, de milieu ou de fin de repas. Personnellement, je trouve que c'est une très bonne chose, car étant moi-même non-fumeur je suis moins gêné par la fumée de mes propres consommateurs ! Les contrôles ? je ne vois pas de raison de les craindre puisque nous respectons les règles » Mêmes échos au Grand Café Napoléon, où Muriel la serveuse prend acte de l'excellent comportement des clients. « Ces derniers sont venus sans rien changer à leur habitude du petit noir le matin, mais sans la cigarette... Nous avons très bien travaillé au niveau de la fréquentation, ce qui prouve que cette interdiction n'est pas en elle-même source de manque à gagner. En tant que non-fumeuse, j'attendais ce jour avec impatience ! Beaucoup de consommateurs qui ne fument pas nous ont fait remarquer combien l'atmosphère était plus agréable. Aujourd'hui, on parle beaucoup des gens qui se mettent en terrasse pour savourer leur cigarette, mais pas assez de ceux qui n'osaient plus rentrer à l'intérieur en raison de la pollution tabagique ! « Une première journée n'est peut-être pas suffisante pour faire un tour d'horizon complet. Pourtant force est de reconnaître que contre toute attente, l'interdiction de fumer fait un tabac...