Pluies diluviennes sur Ajaccio

vendredi 30 mai 2008

Pas de victimes, mais des dégâts considérables




Tout a commencé jeudi avec une pluie drue qui s'est abattue sans discontinuer sur Ajaccio. Si dans l'après-midi, « ces airs de cité lacustre » ont fait sourire… les expressions se sont figées dans la nuit lorsque l'épisode pluvieux s'est accentué, jusqu'à noyer carrément de nombreux quartiers, résidences, hôtels. Des pluies exceptionnelles, des ruisseaux en crue, des cours d'eau et canalisations d'eau pluviales obstrués…

Toutes les parties basses de la ville ont été noyées. Le niveau de l'eau atteignant 1,50 mètre par endroits, les pompiers ont effectué près de 200 interventions. La situation a été très critique sur la route des Sanguinaires où 180 personnes, clients et personnels de deux hôtels (Dolce Vita et Stella di Mare) ont dû être « sécurisées » dans des conditions difficiles.
Les services de secours ont dû briser des baies vitrées pour extraire les clients « prisonniers des eaux ». « On a frôlé la grosse catastrophe » reconnaissait un sauveteur.

Des images impressionnantes
À l'aube, la cité impériale était complètement paralysée. Le quartier des Cannes, Castel Vecchio, une partie des Salines, la Rocade, le rond-point d'Alata étaient submergés par les eaux. A l'ouest, la situation n'était plus brillante : la route des Sanguinaires, celle de Capo di Feno et de Saint-Antoine infranchissables, le pont de Capo di Feno effondré. Porticcio a aussi été sinistré.
On ne comptait plus les magasins, caves, appartements inondés, rez-de-chaussée détruits,, paillotes envolées, routes obstruées, plus de 300 véhicules à la dérive.
Et bien sûr un trafic routier fortement perturbé, des embouteillages gigantesques pour entrer et sortir de la ville, 500 abonnés privés d'électricité, pas de transports en commun, les écoles des Cannes et des Salines fermées, 17 personnes isolées à Capo di Feno, des familles cloîtrées dans leur appartement, des examens nationaux (IUFM, comptabilité) qui devront être repassés…

« Il faut éviter le centre-ville »
L'ensemble des services de secours a été mobilisé pour faire face à un véritable déluge : 120 pompiers du Sud et du Nord, les plongeurs-montagnards, des hommes de la sécurité civile de Corte, les policiers et gendarmes, aidés par les services du département, CTC et de l'État, ont été réquisitionnés pour secourir, évacuer, pomper l'eau, déblayer la boue.
Une cellule de crise, installée à la préfecture d'Ajaccio, a coordonné l'ensemble de ces secours. « La situation est lourde et compliquée. Fort heureusement nous ne déplorons aucun disparu, aucun blessé » a indiqué le préfet Christian Leyrit. « Nous en appelons à la responsabilité des citoyens. Il faut absolument qu'ils évitent de rentrer au centre-ville, sauf en cas de nécessite absolue. Ce flux d'automobilistes gêne considérablement les travaux de pompage et de déblayage ».
Aujourd'hui, le député-maire va demander aux services de l'Etat de placer la zone en catastrophe naturelle.
Un service social est également à la disposition des sinistrés de la ville.
Sur le réseau routier, toutes les routes nationales ont été rouvertes à la circulation. Pour les routes départementales, de nombreux secteurs ont pu être déblayés. Cependant, les RD 468 (Porto-Vecchio), RD 155 (Serra-di-Ferro), RD 250 (Ortolo), la route de Capo-di-Feno et Saint-Antoine restent encore fermées.
Il faudra de nombreux jours pour que la cité impériale retrouve un aspect normal. Mais les pluies ayant cessé, la situation devrait se stabiliser aujourd'hui.

Reproduction d'articles de Corse matin

L'alerte orange déclenchée tardivement



Entre 6 heures jeudi et 6 heures vendredi, les précipitations qui se sont abattues sur la Corse-du-Sud et plus précisément sur Ajaccio-ville et sa région ont battu tous les records enregistrés précédemment. Pour ne citer que quelques mesures, on a relevé 147 mm à Ajaccio Campo dell'Oro, 187 mm à Ajaccio-Parata, 189 mm aux Milelli, 141 mm à Porticcio. Quant à la région du Sartenais-Valinco, elle a connu des lames d'eau entre 120 et 140 mm.

Comme le souligne Météo-France, « les valeurs observées à Ajaccio correspondent à des records en 24 heures depuis 1949, date des premières observations homologuées. Le précédent était de 81,9 mm le 8 octobre 1977, point de référence centennale à partir duquel sont identifiés les dispositifs pour l'évacuation des eaux pluviales ».

Alerte à 5 h 32
Si les conditions pluviométriques avaient été prévues, leur démesure n'a vraiment pu être établie qu'au lever du jour alors que les habitants assistaient depuis le début de la soirée à un véritable déluge. Les services de Météo-France avaient envoyé jeudi à 8 h puis 16 h, aux services concernés de la préfecture deux bulletins spéciaux, le dernier faisant état de précipitations de plus de 100 mm sur la cité impériale et sa grande ceinture. L'on parle de vigilance orange lorsque les seuils dépassent 80 mm en moins de trois heures ou entre 120 et 300 mm en 24 heures à l'échelle d'un bassin ou d'une portion significative d'un département. Or l'alerte de forte précipitation n'a été déclenchée qu'à 5 h 32 vendredi matin.
Une explication à cela : depuis qu'il est question de restructuration au sein de l'établissement public Météo-France, les services corses demandent à pouvoir bénéficier de l'appellation « prévisions amont » afin de pouvoir justement émettre des bulletins correspondant avec le plus d'exactitude et le rapidement possible aux situations sur place. Jusqu'à présent, c'est le centre national basé à Toulouse qui est reste maître d'œuvre du déclenchement de la vigilance. L'alerte n'a donc été lancée que tardivement. A cette heure-là, les secours œuvraient sur le terrain depuis plusieurs heures. Bis repetita du scénario qui s'est déroulé il y a quelques jours, en début de semaine concernant cette fois le coup de sirocco.

Effet bouilloire
Trois phénomènes sont à l'origine de ce déclenchement de pluies torrentielles : une dépression fermée en altitude au-dessus de la Sardaigne et la Corse, une concentration de masse d'air chaud au Sud et de masse d'air froid au Nord, un blocage des cumulo-nimbus sur Ajaccio. L'effet bouilloire aidant, le plus gros des précipitations s'est déversé sur la région ajaccienne.
Si l'on y ajoute un phénomène de pente autour de la ville, l'on comprend que les eaux gonflées des ruisseaux se soient accumulées vers le bas de la cité, avec une convergence depuis le Salario, Saint-Antoine, Castelluccio, la Punta et l'Isa.
Dans ce genre d'épisode d'une rare acuité et d'une tout aussi rare soudaineté, le réseau d'eaux pluviales prévu pour répondre à des besoins « normaux » reste logiquement quelque peu en rade.




Reproduction d'articles de Corse matin

Sartenais et le Valinco touchés



Selon le capitaine des pompiers du Rizzanèse, Raphaël Margelli, « les pluies torrentielles se sont abattues sur le Valinco et dans le Sartenais à partir de 22 heures jusqu'au petit matin. Elles ont touché Propriano, Porto-pollo, Olmeto, Viggianello, Arbellara et Sartène. » Plusieurs maisons ont été inondées dans la plaine de Baracci, la route a été bloquée entre Arbellara et Viggianello, la N 196 partiellement coupée dans la nuit à hauteur d'Olmeto à la suite d'un éboulement et des morceaux de chaussée se sont affaissés entre Sartène et Propriano, où bon nombre de commerces et leurs caves ont été inondés. Au Parc des sports, autour du stade de football synthétique, un glissement de terrain a détruit les barrières de sécurité et emporté les grillages. La maternelle n'a pas pu accueillir les enfants. À Olmeto, une personne âgée traumatisée par les forces des eaux près de son domicile a dû être recueillie et réconfortée.
Aussi bien dans le village qu'en plaine ou en bord de mer de véritables torrents dévalaient des collines emportant tout sur leurs passages : voitures, arbres, blocs de pierres.
Dans la plaine, la rivière n'a d'habitude qu'un faible débit. Sortie de son lit et envahissant toutes les zones à partir du rond-point de la N 196, le Baracci a dévasté la pépinière du Golfe et le garage de Tino Delovo. Le centre équestre, les hôtels et les résidences de vacances ont été évacués.
À Olmeto-Plage deux campings ont également été évacués par prudence.
Hier matin, pompe à eau, seaux et raclettes étaient donc les outils privilégiés des Proprianais. « Il y a jusqu'à un mètre d'eau dans les caves », notait le chef du centre de Secours qui a dû coordonner une vingtaine d'interventions jusqu'en fin de matinée.

Reproduction d'articles de Corse matin

Impressionnant de voir ça.

J'ai déjà vécu pareille situation et le moins que l'on puisse dire c'est que c'est stressant !

Après, si les dégâts n'ont été que matériels, même lourds, on en rit entre amis ou en famille.

Quand j'ai entendu à la radio ce qui se passait à Ajaccio et également dans le Haut-Rhin, j'ai pensé à un certain nombre d'entre vous, notamment Dumé, Lstegio et Corsicana, Nana et autres membres du forum.

Merci de nous dire comment tous vous allez

moi aussi j'ai pue vivre sa en 2002 avec un bilan de 27 mort

c'est vraiment effrayant quand les eaux se mettent a monté rien ne peut l'arrèter !!

bon courages a tous ceux qui sont dans la galère

@+

Pour ma part, cela remonte nettement plus en arrière : 31 juillet 1978 à St-Valéry en Caux et Veulettes sur mer. 3 morts. 1,90 m d'eau dans une partie de la commune de Veulettes.

On trouve des forces que l'on ignorait avoir

samedi 31 mai 2008

Inondations : Mobilisation pour réparer les dégats



Les moteurs des pompes ne se sont pas interrompus une seconde hier dans le quartier des Cannes à Ajaccio. Dans la rue Jean Chiappe, la rue des Joncs, la rue Pierre6Bonardi, l'eau qui montait, la veille jusqu'aux toits des voitures avait disparu hier. Par endroits des plaques d'une boue fine et collante étaient les seuls vestiges du chaos de la veille.
Rien n'est devenu normal pour autant. Les véhicules des sapeurs-pompiers, des forestiers-sapeurs, des unités de l'USC5 sont toujours là. Pour vider l'eau qui s'est accumulée dans les sous-sols. Dans les caves, les pompiers, racloirs en mains, décollent l'épaisse couche de boue. Depuis la veille, les habitants ne se sont pas montrés inactifs. Dans les logements du rez-de-chaussée, on a également nettoyé. Les voisins venant à la rescousse. Hier chacun s'acharnait à faire disparaître jusqu'à la dernière trace de cette boue qui est montée à plus d'un mètre de hauteur par endroits.



Mêmes scènes chez les commerçants. A la pharmacie, à la boulangerie, au pressing, dans l'alimentation tout le monde s'active. Frottoirs en main, on nettoie encore et encore. On rassemble ce qui peut être sauvé. On empile, à regret, sur le trottoir, ce qui a été irrémédiablement gâché. A la pharmacie, malgré le désastre, on tente encore de plaisanter en travaillant, mais les regards s'assombrissent lorsqu'ils se dirigent vers l'amoncellement de produits et de présentoirs détériorés : « La boue était en train de sécher, il a fallu que les sapeurs-forestiers remettent de l'eau pour qu'on puisse nettoyer… » A quelques mètres, des camions bennes font la noria, ils emportent des sacs poubelles principalement chargés de boue. Sur les parkings, on nettoie les voitures recouvertes par l'eau il y a encore 24 heures. Et on croise les doigts pour qu'elles redémarrent : « Elle est vieille, elle ne vaut plus rien officiellement, mais elle marchait bien, soupire un jeune homme. Si elle est fichue je ne pourrai pas en racheter une autre… »

Collège fermé aux Padule
A quelques centaines de mètres, au collège des Padule, la principale, Joëlle Ottomani est épuisée. L'eau est entrée dans les deux logements du rez-de-chaussée, mais également dans les bureaux de la comptabilité. L'établissement est fermé jusqu'à nouvel ordre.
Des tables ont été installées à l'extérieur pour faire sécher les documents comptables. Les fonctionnaires qui vivent là tentent de sauver leurs effets personnels. Toute la nuit de jeudi à vendredi a été une bataille contre l'eau. « Les agents de la CTC sont venus nous donner un coup de main. Il y a eu une mobilisation des collègues, y compris d'autres établissements. »
La cour reste cependant recouverte d'une boue particulièrement glissante. Il faudra plusieurs jours pour s'en débarrasser. A d'autres endroits de la ville, route des Sanguinaires notamment, les écoulements d'eau et le ravinement ont fait également des dégâts considérables. L'évaluation des dégâts est loin d'être terminée.

Nouvel épisode lundi
« Il y en a encore pour 24 heures de travail au moins, soupirait-on hier soir au SDIS. Il faut que nous ayions fini avant lundi. » Le temps presse en effet. Alors que les sols sont saturés d'eau. Que les quartiers de l'entrée d'Ajaccio redeviennent le marécage qu'ils ont été pendant des siècles, on annonce pour lundi un nouvel épisode de pluie important. Que tout le monde attend désormais avec anxiété.

Edition du Corse matin